Montréal, le 20 mars 2024 —La Fédération CJA et son agence de défense des droits, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), ont dénoncé la publication dans La Pressed’une caricature antisémite représentant le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sous les traits d’un vampire assoiffé de sang.

« On peut critiquer le premier ministre Netanyahou (comme le font de nombreux Israéliens et Israéliennes) sans s’abaisser à utiliser des tropes antisémites telles que des doigts crochus ou un gros nez. Ce genre de dessin contribue à normaliser l’antisémitisme, qui affecte notre communauté depuis des mois », a déclaré Eta Yudin, vice-présidente du CIJA Québec.

M^me Yudin a demandé à La Presse de retirer la caricature sur-le-champ, de présenter des excuses et de profiter de l’occasion pour sensibiliser les lecteurs et lectrices aux dangers de l’antisémitisme. Elle a communiqué avec la rédactrice en chef de La Presse, Stéphanie Grammond, en début de journée.

« Nous vous écrivons pour vous faire part de notre désarroi et de notre inquiétude à la suite de la publication de cette caricature dans La Presse de ce matin. La caricature, qui dépeint le premier ministre Netanyahou comme un vampire assoiffé de sang, perpétue les stéréotypes antisémites qui affligent la communauté juive depuis des siècles. Dépeindre un Juif comme un vampire dégénéré assoiffé de sang et de richesses est un exemple classique de tropes antisémites. Il est troublant de constater que votre journal choisisse de perpétuer une imagerie aussi offensante, surtout si l’on tient compte de la longue histoire de l’antisémitisme et de ses conséquences dévastatrices », a écrit M^me Yudin.

« Il est particulièrement affligeant de constater que plus de 100 ans se sont écoulés depuis que Nosferatu a popularisé le vampire en tant que stéréotype antisémite. Bien peu de progrès semblent avoir été réalisés pour éradiquer ces représentations haineuses du discours public. L’utilisation de cette imagerie renforce non seulement des stéréotypes nuisibles, mais contribue également à la normalisation des messages antisémites dans la société. »

Peu après, La Presse a retiré la caricature de toutes ses plateformes et a présenté des excuses publiques.

« Bien que nous soyons satisfaits du retrait de cette image blessante et de la clarification de la responsabilité de l’incident par le journal, nous nous attendons à ce que La Presse sensibilise ses lecteurs et lectrices au fait que l’antisémitisme n’a pas sa place dans la société moderne, a déclaré Yair Szlak, président et chef de la direction de la Fédération CJA. Nous devons maintenir un niveau élevé de respect et de tolérance, en particulier en ces temps troubles. »

M^me Yudin et M. Szlak ont fait remarquer que de nombreux lecteurs et lectrices avaient contacté le journal pour exprimer leur indignation, et que cet mouvement collectif avait conduit à une réaction rapide de la part du quotidien. 

La Fédération CJA et le CIJA continuent de surveiller la situation de près en même temps que d’autres incidents qui préoccupent la communauté juive montréalaise. « Des mesures rapides seront prises pour défendre et protéger notre communauté », a déclaré M. Szlak.

M^me Yudin a par ailleurs ajouté : « Il est impératif que les organisations médiatiques prennent position contre les discours haineux et le sectarisme sous toutes ses formes. En traitant cette question rapidement et de manière appropriée, La Presse peut renverser le cours de cette affaire malheureuse, aider à combattre la vague croissante d’antisémitisme et promouvoir la compréhension et la tolérance dans notre société. »