Du bureau de Yair Szlak

7 mai, 2020

Au cours des sept dernières semaines, les normes et les modes de vie traditionnels auxquels nous étions habitués ont été remis en question et modifiés. Nous avons appris à mener notre vie juive dans un contexte d'isolement, que nous ayons dû pleurer la perte d'un être cher en l'absence d'une Shiva en personne ou célébrer des étapes marquantes comme une bar ou une bat mitzvah par Zoom, plutôt qu'au cours d'une cérémonie conventionnelle à la synagogue. Alors que nous attendons tous avec impatience le jour où nous pourrons revenir à la vie et aux traditions d'avant la COVID-19, nous réalisons que la transformation de plusieurs aspects de nos vies deviendra la nouvelle normalité. La pandémie actuelle définit les paramètres de ce que seront les normes de l'avenir, et ce, aussi bien sur le plan personnel que professionnel ou communautaire.

À la Fédération CJA, dès le 23 février 2020, nous avons mis en place des mesures responsables et nécessaires pour nous adapter à la nouvelle normalité, car nous avions compris que les changements liés à la pandémie seraient rapides et permanents. Nous avions également compris que seules la souplesse et l'agilité nous permettraient d'aller de l'avant. Dans cet esprit, nous avons conclu des partenariats et des collaborations avec des organisations communautaires, afin de nous assurer que les besoins de la communauté seraient satisfaits. Nous avons aussi réuni différents segments de la communauté pour qu'ils réfléchissent aux enjeux prioritaires qui nous préoccupaient.

Aujourd'hui, alors que 44 % des ménages canadiens subissent les répercussions de la crise économique en cours sous forme soit de perte d'un emploi, soit de réduction de salaire, soit de perte d'entreprise ou de patrimoine financier, nous nous attendons à ce qu'il en soit de même dans la communauté juive. Parmi les victimes de la pandémie, se retrouveront les organismes de bienfaisance à but non lucratif, « le secteur tertiaire de l'économie ». Pendant que les besoins croîtront de façon exponentielle, les ressources déjà limitées se feront de plus en plus rares.

À la Fédération CJA, nous ne fonctionnons plus comme avant. Au niveau de l'organisation, nous avons dû prendre des décisions difficiles afin de satisfaire les besoins essentiels engendrés par la crise. Ces décisions ont par ailleurs eu des conséquences directes sur des personnes auxquelles nous sommes profondément attachées, c'est-à-dire notre équipe de professionnels. Bien que ces mesures aient été nécessaires et responsables, elles n'en ont pas moins été douloureuses pour autant.

Au début avril, nous avons pris la décision de réduire la taille de notre personnel de 30 % en procédant à des mises à pied temporaires, en ne comblant pas les postes vacants et en résiliant les contrats. Après avoir passé en revue tous les programmes gouvernementaux, qui auraient pu nous permettre d'atténuer les effets de notre décision, nous avons constaté qu'aucun d'entre eux ne nous convenait. En outre, nous avons temporairement imposé, au reste du personnel, une importante baisse des salaires, et de son côté, la haute direction, a volontairement accepté une baisse plus significative encore. Par conséquent, nous avons réduit de 63 % nos coûts mensuels en ressources humaines et avons désormais plus de fonds à consacrer directement aux conséquences de la crise. Les réductions de personnel sont particulièrement bouleversantes en temps ordinaire, mais elles le sont davantage dans une période comme celle-ci. Nous avons abordé le processus avec énormément d'équité, de sensibilité et de compassion – et avec une infinie reconnaissance pour le dévouement et les talents extraordinaires de nos professionnels.

Simulanément, nous avons mis fin à nos programmes. Nous avons coupé toutes nos autres dépenses de 68 %, le reste étant attribuable aux frais d'exploitation fixes de notre immeuble. Nous avons ainsi pu distribuer du financement là où il était le plus nécessaire.

Nos organisations communautaires et nos agences ont elles aussi agi avec fermeté. Nos agences de services sociaux et nos partenaires communautaires, dont les clients sont les populations les plus vulnérables, se sont adaptés afin de continuer de soutenir les membres défavorisés de la communauté. D'autres agences ont, quant à elles, diminué leur personnel et coupé leurs dépenses.

À compter de ce mois-ci, la Fédération CJA financera ses agences sur une base mensuelle plutôt que de leur verser les allocations convenues. Nous procéderons au traitement des demandes des agences et n'alloueront des fonds que pour les initiatives prioritaires liées à la crise. Pour le mois de mai, nous avons réduit de 56 % nos allocations, car celles-ci devront combler uniquement les besoins identifiés.

Nous affichons notre leadership en faisant «  le ménage dans nos propres affaires » et en nous concentrant sur les défis qui nous attendent. L'avenir ne ressemblera désormais plus à ce que nous connaissions avant la pandémie, mais il nous demandera plutôt de réimaginer le fonctionnement de notre communauté, pour que les personnes vulnérables soient prises en charge et que l'essentiel de la vie juive soit préservé à tout prix.

À titre de donateur(trice) qui se préoccupe du bien-être de la communauté, vous nous avez manifesté une immense confiance. Nous accordons une grande valeur à cette confiance et nous efforçons de l'honorer chaque jour. Notre engagement devient encore plus important en période de crise, car c'est par l'entremise de changements difficiles et urgents, que nous pourrons générer le type de réponse que la communauté exigera.

Les gestes, que nous posons en tant qu'individu et en tant que communauté pendant la pandémie, définiront ce que nous serons après la crise. Il ne fait aucun doute que, grâce à votre soutien continu, notre communauté relèvera le défi et s'en sortira plus forte que jamais.


Yair Szlak, LL.B
Chef de la direction, Fédération CJA

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