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24 mars, 2024

Cette année, Pourim sera un peu différent en Israël. Des annonces télévisées demandent à la population de ne pas utiliser de feux d’artifice (une tradition annuelle), car depuis le 7 octobre, le bruit de l’explosion de pétards ravive un traumatisme pour des milliers de soldats et de civils souffrant du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Faisant écho à ce sentiment, l’un des grands rabbins sépharades d’Israël, le rabbin David Yosef, a déclaré que, même si les gens se doivent de célébrer, ils devraient cependant éviter de le faire publiquement afin de ne pas donner l’impression de faire preuve d’insensibilité face à la douleur et à la détresse généralisée de la nation ; une nation toujours en proie aux affres de la guerre et qui pleure quotidiennement la perte de ses fils et de ses filles.
 
Tandis que nous nous préparons à fêter Pourim, ici, à Montréal, une célébration de la vie après avoir été menacés d’extermination, nous nous devons de tirer quelques leçons de la Méguila d’Esther qui se révèlent, encore aujourd’hui, tout à fait d’actualité.
 
Mardochée parvient à convaincre Esther d’aller parler au roi Assuérus et plaide avec insistance en employant ces mots : « Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance pour les Juifs viendront d’ailleurs, mais toi et la famille de ton père périrez. Et qui sait si ce n’est pas pour un tel moment que tu es parvenue à ta position royale? »
 
Aujourd’hui, alors que nous assistons à des niveaux d’antisémitisme jamais atteints au cours de ces 75 dernières années, il est essentiel de nous souvenir que nous avons tous l’obligation de parler et de ne pas garder le silence. L’Histoire a montré à maintes reprises que le peuple juif vient toujours à bout de ses adversaires. Aujourd’hui plus que jamais, le principal message de Pourim revêt une grande importance. Il s’agit en effet de la seule commémoration d’une communauté juive en diaspora faisant face à une menace existentielle, où le rôle de D.ieu est caché et où les dirigeants communautaires interviennent pour sauver la situation.
 
Cette année, ne résumons pas Pourim à la seule phrase : « Ils ont tenté de nous tuer, nous avons gagné… mangeons et célébrons ». Nous devons utiliser ce jour pour continuer à renforcer notre résilience en tant que communauté juive et forte. Lorsque nous prenons nos propres responsabilités, que nous demeurons forts et unis et que nous passons courageusement à l’action, comme Esther, nous pouvons effacer le souvenir de « celui qui ne doit pas être nommé sans bruit » et bâtir une communauté qui soit une source de bienfaits dans ce monde.
 
Ce qui semble plus clair que jamais est que notre unité est essentielle à notre salut. Avant d’approcher Assuérus, Esther a dit à Mardochée : « Va, rassemble tous les Juifs de Suse, et jeûnez pour moi ». Esther savait qu’elle ne pourrait pas convaincre seule le roi d’épargner le peuple juif. D.ieu devait en effet entendre la voix d’un peuple uni pour qu’elle puisse porter son message avec succès. 
 
C’est ce que nous percevons en Israël aujourd’hui. Le peuple d’Israël — les citoyen(ne)s — doit être uni et déterminé. Si les médias, les bureaucrates et les politiciens peuvent afficher différentes positions, deux choses apparaissent très clairement lorsque l’on parle à l’Israélien moyen. La première est que le peuple est uni face à ses objectifs et la seconde est que si, le 7 octobre, le « système » a failli en Israël, ce ne fut pas le cas des citoyen(ne)s! Des actes de bravoure et d’héroïsme exceptionnels ont permis de sauver le pays et continuent de le faire chaque jour. La société israélienne n’a pas manqué à son devoir. Elle a réagi et l’unité du peuple d’Israël est la raison pour laquelle nous allons vaincre. יחד ננצח  
 
Il est difficile de croire qu’en 2024, nous assistons à la guerre la plus longue d’Israël depuis la guerre d’Indépendance, et sans doute, la plus complexe de toutes. Il s’agit d’une guerre qui s’est invitée jusque dans les rues des communautés juives de diaspora, comme nous avons pu le voir à Montréal, avec une vague d’antisémitisme et d’agressions anti-israéliennes qui ont choqué le monde juif dans son ensemble. 
 
Le nom officiel de cette guerre, créé peu après les massacres du 7 octobre, est « Glaive de fer ». Cette semaine, alors que je me trouvais en Israël aux côtés de la direction de la Fédération CJA et de la Fondation communautaire juive, allant au contact des personnes touchées par la guerre et bénéficiant du soutien de notre incroyable communauté, mon ami Tzvi Sperber a suggéré un nom pour cette guerre que je trouve bien plus approprié. משיב הרוח, que nous prononçons durant la prière de la Amida entre Chemini atséret et Pessah, et qui peut revêtir deux significations. La première traduction littérale est une demande pour le vent (et la pluie) durant les mois d’hiver. Mais dans un différent contexte, משיב הרוח signifie également un retour de « l’esprit ».
 
Peut-être que cette terrible guerre que nous n’avons pas voulue, mais que nous devons remporter va permettre de rallumer notre esprit juif – un esprit juif uni qui a permis à la reine Esther de convaincre le roi Assuérus de sauver le peuple juif du sort funeste qu’Haman leur réservait. Un esprit juif qui s’est éveillé chez nos enfants, nos étudiant(e)s et nos jeunes adultes. Un esprit juif qui habite toute une génération d’Israéliens et d’Israéliennes qui fait preuve d’une résilience hors du commun et un peuple juif qui se tient courageusement aujourd’hui face à la guerre, à la haine et à un antisémitisme sans précédent ; résolu et déterminé à montrer au monde que lorsqu’il est uni, il ne peut être vaincu.
 
 
 
 
 
Jeudi dernier, alors que je me tenais au Kotel avec des milliers de Juifs des quatre coins du monde, parmi lesquels notre délégation montréalaise, l’émotion m’a submergé alors que je participais à la récitation de la prière du Chema mondiale pour les otages et pour les soldats. Des Juifs de tous horizons se sont rassemblés au Kotel, remplissant la cour à perte de vue. Des prières et des larmes d’une nation unie, dans le monde entier, qui viennent illustrer le prochain chapitre de l’histoire juive.
 

Hag Pourim Sameah et Am Israel Chai
 

Yair Szlak, LL. B
Président et chef de la direction
Fédération CJA
 
 
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