Du bureau de Yair Szlak

29 juillet, 2020

Nous vivons à une époque de situations extrêmes, où les adversaires politiques sont considérés non seulement comme des opposants en matière d'opinion mais aussi comme des représentants caricaturaux du mal. La modération n'a plus de place et la nuance a disparu. Les périodes aux situations extrêmes, comme celle-ci, sont un terrain fertile à la haine gratuite.

L'arrivée de Tisha B'Av cette semaine nous rappelle à quel point la haine gratuite peut être dangereuse et destructrice pour le peuple juif. Au cours de l'histoire, en ce jour, le peuple juif a connu un nombre inimaginable d'événements horribles – de la destruction du premier et du second temples à Jérusalem jusqu'à l'attentat à la bombe de l'AMIA en Argentine survenu à l'ère moderne. Nous constatons de nos jours une accélération de la recrudescence de la haine et de la violence gratuites. En tant que communauté juive, nous devons déclarer sans équivoque que nous ne tolérons aucune forme de racisme, de discrimination ou d'antisémitisme. La haine n'a pas de place dans la société civile, et nous devons nous unir pour la combattre.

Historiquement en temps de crise, la communauté juive était un bouc émissaire. Elle était la cible facile à blâmer pour tout ce qui allait mal. Notre époque ne fait pas exception. La sécurité physique est donc notre principale priorité. Comme vous le savez sans doute, la Fédération CJA investit tous les ans des ressources considérables pour améliorer la sécurité de la communauté, en s'assurant de prévenir la violence nourrie par la haine, de se préparer à l'affronter et d'intervenir au besoin. L'année dernière, votre investissement dans le Réseau de sécurité communautaire (RSC) nous a permis de consacrer davantage d'efforts à la sécurité de la communauté juive montréalaise et à celle des institutions inscrites au RSC. Pendant que nous traversons la crise de la COVID-19, la Fédération CJA et le RSC veillent à la protection des institutions juives et collaborent avec le SPVM et la Sécurité publique pour garantir la sûreté et la sécurité de la communauté

Nous sommes également conscients que notre position par rapport au monde, malgré les menaces, ne devrait pas et ne peut pas changer. En tant que communauté, nous sommes ouverts à toutes les communautés. Nous bâtissons des ponts, formons des alliances et engageons le dialogue. Les groupes marginalisés savent que nous serons toujours à leurs côtés. C'est ça l'esprit juif

Tisha B'Av nous rappelle aussi les dangers de Sinat Chinam (שנאת חנם) – la haine gratuite d'un Juif envers un autre. Plus que jamais, alors que nous gérons tant bien que mal les nouvelles et dures réalités liées à la pandémie de COVID-19, nous devons nous rappeler notre obligation de Ve-ahavta le-re'acha ka-mocha (ואהבת לרעך כמוך) – aimer notre prochain comme nous-même. Laissons les valeurs qui ont transcendé les générations nous guider pendant cette époque trouble. Trouvons notre courage dans la vertu et le Maasim Tovim (מעשים טובים) – les bonnes actions, et ne nous laissons pas distraire par la haine et les accusations gratuites que les autres portent contre nous.

La pandémie nous a déjà obligés à prendre des décisions complexes. La Fédération CJA est déterminée à relever le défi et à faire en sorte de satisfaire les besoins essentiels des membres de la communauté – des besoins de base tels que la nourriture et le logement; l'éducation et l'identité juives; la sûreté et la sécurité personnelles et communautaires. Notre communauté en est à l'heure de la consolidation. Pour faire face à nos réalités, nous devrons réduire notre empreinte communautaire. Nous devrons effectuer tous nos choix en fonction de nos valeurs et dans le but de nous rendre encore plus forts au sortir de la crise. Nous deviendrons ainsi plus résilients et plus viables pour l'avenir.

Profondément ancrée dans nos études, la tradition juive nous rappelle que ce que nous faisons en ce moment servira aux futures générations. Le Talmud parle d'Honi, le traceur de cercles qui, un jour, aperçut un homme en train de planter un caroubier. Curieux, Honi demanda à l'homme : « Combien faudra-t-il de temps pour que cet arbre porte des fruits? » L'homme répondit consciencieusement et honnêtement : « 70 ans ». Honi fut consterné. 70 ans? Cela prend vraiment beaucoup de temps pour qu'un arbre pousse. Pourquoi quelqu'un planterait-il un arbre qui ne lui donnera pas de fruits au cours de sa vie? Honi posa la question au planteur de caroubier, et voici ce que celui-ci lui répondit : « Mes grands-parents ont planté un caroubier pour que je puisse en cueillir les fruits. Je dois, à mon tour, faire de même pour mes petits-enfants. »

L'espoir est notre plus grande force. Si nous pouvons profiter de la vie que nous avons et du soutien de notre communauté, c'est parce que nos parents et nos grands-parents ont su envisager l'avenir avec résilience et optimisme. Nous avons la responsabilité d'en faire autant pour nos enfants et nos petits-enfants. 

Tisha B'Av est une période de réflexion et de deuil. Nous sommes tous désireux et anxieux de voir le monde autour de nous ré-ouvrir et retourner à la normalité - la nouvelle normalité. Maintenant plus que jamais, nous devons nous souvenir qu'aussi radical qu'un changement puisse être, nos valeurs demeurent les mêmes. Kol Israel Arevim Zeh Bazeh : (כל ישראל ערבים זה בזה).

Assurons-nous de continuer à prendre soin les uns des autres.


Yair Szlak, LL.B
Chef de la direction, Fédération CJA

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